A vous, à nos possibles. 27 Juillet 2023

[Actualité publiée le : 28 Juil, 2023]

Je reviens d’un séjour poétique passé à Trebeurden, près de Lannion où j’aurai pu y rencontrer Kenneth White au centre culturel mais, fatigué​ il n’a pas pu se déplacer. Je m’étais préparée à lui proposer un entretien à propos de la géopoétique. Ce mot nous rassemble. Ce mot m’a amené à lui. Quand est né à mon esprit le mot Géopoétique, je l’avais imaginé tout d’abord graphique avec la lettre K, non pas comme Kenneth mais comme le phonème « Que ». C’était en 2017, juste avant la sortie du titre « Géopoétiques » de MC Solaar, éponyme de son album de rap à grand succès. Pour moi, pas de rap, pas de théorie. C’était juste l’association de la géographie et de la poésie. Facile. A la géographie, la graphie de la terre ; à la poésie, la création.  J’ai créé les Correspondances géopoétiques et j’ai découvert de cette manière Kenneth White.

C’est en 1979, en voyageant, pérégrinant, déambulant (j’emploie tous ces verbes, toutes ces méthodes, selon les occasions et les contextes) le long de la côte nord du Saint-Laurent, en route vers le Labrador, que l’idée de la géopoétique a pris forme. J’ai relaté ce voyage, j’ai essayé de dire toute l’ampleur de la sensation, de l’idée, dans le livre La Route bleue nous explique Kenneth White.

Il en a fait une pensée et une théorie, un institut international, des centres de géopoétique, une archipellisation, une océanisation et une pensée écologique, qui n’est pas celle de la domination de la nature par la technologie d’énergies renouvelables, ni la préservation des espèces et des espaces menacés de disparition mais celle du possible. Kenneth White se dit ni pessimiste, apocalyptique, ni optimiste, version utopiste mais possibiliste. Le monde n’est pas durable, le monde est possible. Penser le monde possible plutôt que durable, ça ouvre de nouvelles perspectives.

Sur la plage de plage de Maez an Aod dans la vallée du Beg-Léguer,  là où habite le poète,  mon projet de voyage poétique à Montréal a pris lui aussi une nouvelle perspective : à la manière de Kenneth White, j’envisage de suivre la route bleue, comme lui a suivi les pas de Basho dans le nord du Japon.

Suite à l’excellente conférence donnée par Régis Poulet, responsable de l’institut de géopoétique, le poème « Nuit textonique » a enfin trouvé son titre. Vous le retrouverez dans mon prochain ouvrage Nous les gens de la Terre, à paraître fin septembre.  Ne pas vous proposer le poème de Labrador issue de la Route bleue aurait été fort dommage. J’aime beaucoup l’écriture poétique de Kenneth White, c’est aussi comme cela que je marche, pour trouver un lieu, un mot, un sens, une définition ou une explication.

En ce jour du 27 juillet 2023, où la planète vit l’ébullition climatique et politique, je souhaite qu’à chacun de vos réveils, votre chemin choisi soit là, sans frontières et chanceux, mémoriel, empli de conversations au bord du réel et de possibilités poétiques.