A vous, à nos planctons. Avec Laura Vasquez. 26 Mars 2024

[Actualité publiée le : 27 Mar, 2024]

Le Mans, le 26 mars 2024,

A vous, à nos planctons,

C’est avec sympathie que je remercie tout d’abord celles et ceux qui m’ont fait part de leurs vœux de bonne chance et de plaisir. Ces signes sont très importants. Des petits mots font toujours plaisir.  Ils apportent de manière délicate l’équilibre nécessaire à l’enthousiasme. Du fond du cœur, je remercie celles et ceux qui sont venus pour voir, écouter, se détendre, découvrir, soutenir et conseiller.  Cosmogonies, ce duo d’électro-poésie récemment  composé  avec Arnaud Saint-Riquier fonctionne donc bien ! Ma poésie et ses paysages sonores  se nourrissent l’un et l’autre. De notre côté, nous apprécions composer avec le public et le lieu accueillant. De quoi est fait le liant alors ? Chez l’habitant, c’est à la fois la douceur  de l’intime et de l’extime qui ont fait l’unanimité. Dans l’immense espace culturel de Limay, la sensualité des poèmes, la musique quasi-sacrée ont fait œuvre de  joie communiquée. Dans l’église d’Ardenay, c’est la nappe-monde qui manquait ! A la médiathèque de Mayet, c’est le silence absolu qui a fait lien, tant et si bien que j’avais l’impression que le public était au-dessus de ma tête. La poésie, ça soulève les corps et les esprits ! A la librairie Doucet, c’est le plaisir de retrouver le monde de l’écriture poétique mancelle et de la Haute-sarthe, de faire lien entre la poète et sa maison d’édition, la librairie et les  lecteurs de scène ouverte aux écrivains du Mans et des cafés-poésie de Sillé-le-Guillaume et de Conlie. Vous pouvez d’ores et déjà noter celle du 31 mai à Annecy et du 2 juin au festival d’Art d’Ardenay.  Nous travaillons également un projet poétique sur l’eau. Pourquoi l’eau ?

Alors que les floraisons des cerisiers à New-York s’avèrent précoces, alors que des attentats à Moscou ont remis les panneaux vigipirates sur les établissements publics et scolaires en France, alors que certains se battent pour préserver les 200 érables de l’avenue Bollée au Mans, alors, que… combien de alors, pourrais-je énumérer sans que Prévert s’emmêle les pinceaux ? Pendant ce temps, l’eau coule sous les ponts, engorge les nappes phréatiques en France et fait pourtant état de sécheresse en Espagne, faisant augmenter le coût des fraises sur les marchés de France, demandant aux fraiséiculteurs espagnols d’envisager des reconversions professionnelles dans les oliviers (moins gourmands en eau). Pendant ce temps, la terre sature, elle ne peut faire œuvre de filtration naturelle et de décomposition des matières. Pendant ce temps-là, envisageons le retour au sol plutôt que de continuer le hors-sol. L’Unesco a publié son rapport mondial 2024 sur l’eau, source de conflits et de tensions entre les pays et les peuples. Ce sont les femmes et les filles qui seront les plus exposées aux inégalités sociales et environnementales. Aussi ai-je eu l’envie de vous proposer deux poèmes d’eaux douces : l’eau de la fontaine, l’eau des rivières. Vous le savez, je suis comme Jean-Pierre Siméon, je pense que la poésie sauvera le monde !

Début février dernier, j’ai rencontré Laura Vasquez au Festival Jardins d’hiver, les champs libres à Rennes.  Dans son dernier recueil de poèmes, primé au Goncourt de la poésie en 2023, elle fait mention de l’eau sale. La poésie de Laura Vasquez est étonnante. Il manque des lettres. Sa poésie se lit à voix haute, en silence au fond de son lit ou sur un bateau en pleine mer. A la fin du recueil, se trouve un QR-Code qui permet l’écoute de la lecture intégrale enregistrée de Laura Vasquez. J’aime beaucoup cette idée où l’on peut éditer à voix haute ses poèmes. Peut-être qu’un jour, vous recevrez les correspondances géopoétiques à voix haute ? Cela m’arrive de plus en plus souvent d’être tentée de vous lire cette lettre à voix haute. J’ai longtemps pensé que la musique intérieure venait du vent des champs et des prés de mon enfance. Mais, il y a une polyphonie, car s’y ajoute la musique mélancolique de l’eau de rivière. De l’eau, du vent, des champs et des prés et le soleil brûlant.

Souhaitons l’année 2024, année d’espérance. Ouvrons grand nos bras, laissons le monde nous traverser,  éveillons tout rond nos cosmogonies, préservons les indispensables planctons.

51. 26 Mars 2024. Des liens, des lieux et du liant