A vous, à nos effusions. 27 septembre 2023

[Actualité publiée le : 27 Sep, 2023]

J’espère que cette lettre vous trouvera cœur vaillant et plein d’ardeur. Commençons par le commencement, le commencement qui a suscité l’association de l’effusion à la mort.

Pour l’effusion, ça a commencé hier soir, par une tricherie, en sortant de l’école du design et des arts du Mans. Malgré les consignes maintes fois répétées de notre professeur de gravure, j’ai pris, avant séchage terminé, ma gravure couleur ocre. Il ne pleuvait pas. Il faisait même très doux, presque trop doux pour une fin de Septembre, presque une chaleur de fin de printemps. Arrivée chez moi, l’encre était sèche. Mon encrage intact. Restait à savoir ce que cela allait donner une fois numérisé pour ma couverture de ma correspondance du 27 septembre. J’ai triché mais mes autres dessins ne m’inspiraient rien face à l’information que j’avais à vous donner par rapport à la mort. C’est bizarre mais en gravant, je n’ai pas du tout penser à la mort. Je ne sais pas à quoi j’ai pensé. Quand on dessine, on s’évade. Effusion, ce dessin me fait l’effet d’une effusion. Ça ira bien avec le thème de la mort. Fin de la conversation sur le trottoir avec moi-même.

Pour la mort, ça a commencé jeudi dernier. J’ai rencontré Anne-Laure Sacier.  Tout comme nous, comparses animatrices d’ateliers de philosophie, elle présentait son projet d’innovation sociale. Tandis que nous révélions la maquette de la Maison de la Philosophie en Sarthe, Anne-Laure exposait des carnets de toutes formes, de toutes les couleurs, faits de collages, de coloriages, de photographies et de textes, reliés de différentes façons cousus, brochés… Un stand très joli, très doux. Anne-Laure accompagne les personnes endeuillées à réaliser leur carnet de deuil. On peut y écrire ses émotions, ses sentiments comme dans un carnet intime. Le carnet peut aider à transmettre une histoire difficile à ses proches. Anne-Laure est formée pour cela. Je suis intéressée. Nous avons des ateliers de philosophie en préparation pour le spectacle « Oiseau » d’Anne Nozières dans plusieurs médiathèques ou centres culturels de la Sarthe. Ce spectacle est dédié à la mort vécue par des enfants. Anne-Laure a baptisé son projet « La poésie de l’empreinte ». A mon regard sûrement très questionnant, elle me dit alors que je connaissais son père, un poète décédé : Alain Boudet. De l’empreinte de son deuil, elle en a fait une action poétique et graphique. On pense qu’après la mort, on ne peut plus agir. Ces morts-là, je les appelle les morts actifs. Je les aime beaucoup. Ils font, bien qu’ils soient morts, encore des mises en relation, des créations, des effusions de pensées, de mémoires, d’émotions, des choses qui permettent aux autres que la vie fusionne. Comme le dit Vinciane Desprès, philosophe : « un mort n’est jamais vraiment mort ». C’est tellement vrai. Nous avons tous un rapport différent à la mort. Je trouve l’idée du recueil de deuil, une fabuleuse idée. Je remercie vivement Anne-Laure d’avoir accepté de vous partager les circonstances heureuses de notre rencontre. Rencontrer la fille d’Alain Boudet, grand poète, fondateur du Promenoir de la poésie à la médiathèque de la Suze-sur-Sarthe, président de l’association Donner à Voir lors d’un mini forum « tremplin de l’innovation sociale » au CEAS 72 où j’ai oeuvré deux bonnes dizaines d’années et là où je présente à nouveau, un nouveau projet “la maison de la philosophie” me donne à nouveau cette estampille : Nathalie, tu es décidément sur la bonne voie ; peut-être même que tu ne t’es jamais égarée.

Pour honorer cette estampille de vie, les poèmes choisis du mois de Septembre feront donc écho à la mort et depuis hier soir, à l’effusion. Dites-moi !  est un poème écrit à une personne perdue de vue, que je sais me suivre sur les réseaux sociaux depuis peu et attendre depuis toujours de pied ferme Les correspondances géopoétiques. Sachez donc, cher Monsieur, que je sais déjà qu’il y a une mort à laquelle je vais réchapper : Je peux mourir de rire certes mais je sais déjà que je ne peux pas mourir d’ennui ! Et toc ! Reste le poème de l’archipel Arctique ! C’est Rénée Gagnon, qui remporte la victoire de ma sélection avec « Steve McQueen (mon amoureux)”. J’aime ce poème. On entend la respiration haletante de l’amoureuse qui attend…

« Nous sommes en attente de l’imprimeur… » m’écrit le président de la maison d’édition La plume de Léonie à 17h36. Nous attendons la date de sortie de mon prochain recueil « Nous les gens de la Terre ». Je suis impatiente de le voir, de le toucher et de respirer son odeur d’encre et de papier.

En ce jour du 27 septembre 2023, où la planète vit toujours l’ébullition climatique, politique et sociale, je souhaite qu’à chacun de vos réveils, votre chemin choisi soit là, sans frontières et chanceux, mémoriel, empli de conversations au bord du réel, de possibilités et traversées poétiques, dépourvus de mort d’ennui et pleines d’effusions.

 

44. 27 Septembre 2023. Archipel arctique