“Avoir de nouveaux projets permet de rester jeune”, m’a-t-on dit hier matin. Je ne peux qu’être d’accord ! Projetée dans le monde de 1968, je suis née projet. “Le rêve est le terreau du projet” ai-je lu un jour dans Roses à crédit, le roman d’Elsa Triolet. J’avais 15 ans. J’en ai fait ma sentence. J’ai rêvé et je rêve encore ; plus le jour que la nuit d’ailleurs. J’ai plusieurs terreaux à mon actif et déjà récolté plusieurs graines, que je ressème dans de nouveaux ou anciens terreaux. La difficulté, c’est de mettre en symbiose et dans le bon ordre, les projets qui poussent. Je ne suis pas monoculture. Chaque projet à peine terminé amène ou nourrit celui à peine démarré.
Ma ligne de temps n’est pas linéaire
ma ligne de temps n’est pas fragmentée
ma ligne de temps est biocellulaire
Le temps agit, ondule et je navigue
le temps est une réverbération qui jaillit et qui pétrit
Entendre les réverbérations sonores de ma ligne de temps ; silence
Le temps fait écho à mon futur
mon futur fait ricochet à mon présent futur intérieur
Ce présent futur intérieur devient passé extérieur
je ne peux plus le toucher, le modeler
Ce passé est indélébile
Pourtant, je peux le lire de multiples manières
Je dois encore être très jeune, me suis-je dit. Alors, j’ai souri.
Ma ligne de temps n’est pas physiologique
ma ligne de temps n’est pas chronologique
ma ligne de temps est poétique
Elle se crée là où je demeure
Elle se crée là où je m’en vais
Elle se crée là où j’aime
“Les araignées aiment les maisons saines” m’a-t’on dit hier matin, dans la même conversation.
J61. 25 Janvier 2025-nathalie-buchot-correspondances-geopoetiques. L’extime-du-monde. A nos-points-étoiles-Siméon-Lerouge’aime les maisons saines ; je dois être alors une araignée ; en ai-je alors déduit.
Avec ma mémoire et ma dextérité de jeune araignée dentellière
je reprends chaque jour mon ouvrage
je projette mes graines
avec mes lasers interstellaires dans le ciel et sur la terre
Les oiseaux m’aident ; ils chantent avec moi
Les oies sauvages passent au-dessus de ma tête
Le bruit de leurs ailes me chatouillent les oreilles
Les arbres m’aident ; leurs feuilles bruissent d’amour
Mes toiles ondulent dans le chant du vent et de la pluie
Peu importe si frimas d’hiver et gouttelettes de rosée
Peu importe si poussières et vieilles mouches noires
s’y déposent et s’y reposent
Ma ligne de temps n’est pas un fil, n’est pas un axe
Ma ligne de temps est faite de points ; des étoiles
A chaque point étoile, je le sais maintenant
s’ouvre un nouveau chemin
A chaque point étoile, je le sais maintenant
sirènes et chimères m’attirent
A chaque point étoile, je le sais maintenant
je suis cette Ulysse, poète des océans, poètes des terres
Une conversation de maçonnerie et de charpente ; me voilà décalée des actualités géopolitiques locales et internationales anxiogènes et fascisantes.
Depuis 5 ans, je bâtis un voyage, une toile poétique, avec mes sirènes et mes chimères. Ma toile d’araignée est calendaire. Feuille de route, elle se fait guide temporel. Si la carte n’est pas le territoire, le calendrier n’est pas le temps. Temps Citron est mon poème que je vous propose en lecture accompagné du poème “XXVII” de Siméon Lerouge, poète lui aussi de la Plume de Léonie. Chaque jour, pendant un an, il a dressé un ouvrage poétique intime intitulé Semainier en écrivant un vers par jour rassemblé en 52 septains. Chacun tisse sa toile poétique. Les poètes n’écrivent pas, ils tissent.
Cette 6ème année, nous allons ensemble découvrir les poètes de l’extime, de celles et ceux que j’ai rencontré au Québec au mois de septembre dernier et de celles et ceux que je côtoie à la Plume de Léonie, maison d’édition à Sillé-le-Guillaume. Nous traverserons terres et océans et voguerons près des lacs et forêts.
Je vous souhaite pleins de points étoiles pour cette nouvelle année 2025 où nous nous retrouverons tous les 25 du mois.
Poétiquement,
Nathalie BUCHOT
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